Le premier roman de Marc Sinclair, Suicide d’une masculinité toxique, se distingue par son exploration audacieuse et sans concession de la masculinité contemporaine. Si le protagoniste principal, Daniel, nous entraîne dans une spirale d’autodestruction et de quête obsessionnelle de soi, l’influence marquante de l’écrivaine québécoise Nelly Arcan est omniprésente, à la fois dans l’âme du roman et dans la psyché de Daniel.
Nelly Arcan, muse et guide spirituel
Marc Sinclair n’a pas caché l’inspiration profonde que Nelly Arcan lui a apportée. Dès la dédicace, Arcan est mentionnée, et son œuvre, Putain, résonne tout au long du parcours de Daniel. Marc Sinclair fait de Nelly une figure incontournable pour comprendre la sexualité féminine et la dynamique de domination présente dans les relations humaines. Daniel est fasciné par cette figure littéraire et son écriture crue, transgressive, qu’il découvre lors d’un passage en librairie, totalement bouleversé par le style et l’authenticité de l’autrice.
Pour Daniel, Nelly Arcan devient plus qu’une simple référence ; elle se transforme en une muse fantasmée, un idéal inatteignable, qui réinvente sa vision des femmes. C’est dans cette quête inassouvie de comprendre la sexualité féminine qu’il s’enfonce dans des comportements autodestructeurs, marqués par une misogynie latente et une sexualité incontrôlable.
La vision déformée de la femme à travers nelly arcan
L’une des thématiques centrales du roman est la déshumanisation des femmes par Daniel. Sa lecture de Nelly Arcan devient un prisme à travers lequel il interprète la féminité d’une manière pathologique. Il idolâtre l’audace d’Arcan à décrire sans pudeur la condition féminine, mais il en déforme les messages pour justifier son propre rapport toxique aux femmes. Il voit en Arcan une représentation idéale de la femme libre, sexuellement émancipée, mais dans son esprit, cela se traduit par une obsession pour la domination et la consommation des corps féminins.
Une introspection teintée de féminisme
Ce qui rend le roman de Marc Sinclair particulièrement riche, c’est sa capacité à imbriquer cette réflexion sur la masculinité toxique avec un regard féministe subtil, inspiré en grande partie par Nelly Arcan. Bien que Daniel se perde dans une sexualité effrénée et destructrice, il est constamment ramené à la figure d’Arcan, qui lui renvoie l’image d’un homme qui cherche à tout prix à se reconstruire en s’attaquant à ses propres démons. La question du suicide, présente dans le titre, se pose à travers Claudia, un autre personnage clé du récit, mais c’est surtout dans la déchéance de Daniel que le véritable « suicide » se manifeste.
Un livre à découvrir aux éditions des auteurs des livres.